Journée du Parrain
“Journée du Parrain de la Promotion Capitaine Beaumont”
article écrit par l’EOA VALLET, Scribe de la promotion, et paru dans le Revue Casoar n°186 de juillet 2007.
Une matinée calme en ce vendredi 16 mars 2007 à l’Hôtel National des Invalides… Avant que la Cour d’Honneur ne résonne au martèlement sur les pavés des talons de 183 jeunes Saint-Cyriens regagnant ce lieu aux plus de 400 ans d’histoire militaire. Cet aréopage, bientôt rejoint par un nombre tout aussi important de convives, se prépare à la célébration d’un moment particulier : la Journée du Parrain de la Promotion Capitaine Beaumont.
Activité traditionnelle d’hommage au parrain de promotion, elle se tient depuis peu dans les hauts lieux militaires de la capitale, mettant ainsi l’accent sur le rayonnement de la Spéciale et de son ouverture. Occasion pour les uns de découvrir des facettes jusque là inconnues de la vie de celui dont ils portent le nom, opportunité pour les autres de rendre un ultime hommage à une personnalité hors du commun qu’ils auront approchée de près ou de loin lors de sa courte carrière, ce jour se veut grand, beau, solennel.
Ouvrant symboliquement la journée, la messe en mémoire du Capitaine Beaumont est le premier tableau de la journée. 10h45. On se presse sur le parvis de Saint Louis. La cathédrale du diocèse aux armées, aux bancs bientôt remplis par la promotion et ses invités, se met à vibrer aux chants de la chorale et au son de l’orgue. L’office religieux, célébré par l’abbé CLAVAGUERRA, aumônier de Coëtquidan, donnera une dimension hiératique et de recueillement à cette journée. L’homélie, prononcée par l’abbé CASTA, qui avait fait hier la connaissance de notre parrain de promotion en Indochine, et aujourd’hui pensionnaire aux Invalides, s’attardera sur la personnalité morale et attachée à sa Foi qu’était Serge Beaumont. L’envoi, suivi de l’hymne à Saint Michel, patron des parachutistes, permettra à l’ensemble des participants de quitter pédestrement ou par navette affrétée spécialement la prestigieuse institution des Invalides pour l’Ecole Militaire.
Poursuivant cette journée, et rameutant retardataires et païens, le cocktail donné à la Rotonde Gabriel avait comme objectif, en outre de restaurer les affamés et les moins fringants, de permettre à chacun d’échanger des témoignages, qui sur leur rencontre avec le capitaine Beaumont, qui sur leur vie promotion, qui sur leur expérience personnelle… La capacité d’accueil des lieux était également l’occasion pour la promotion de présenter une exposition sur la vie de son parrain, à partir d’effets personnels, de photos et documents prêtés par sa famille – d’ailleurs présente massivement : 35 personnes – ainsi que de tenues et uniformes d’époque retraçant son parcours : le Prytanée National Militaire de la Flèche, l’Ecole Spéciale Militaire InterArme, l’Indochine et l’Algérie. Le Livre d’Or, déposé en évidence, aura été par ailleurs une manière plus personnelle de rendre un dernier hommage, plus discret, à cet homme d’exception. Le buffet terminé, une prestation de la chorale de la promotion sert de transition avant la suite des hostilités, à l’amphithéâtre Foch de l’Ecole Militaire.
Il s’agit désormais de profiter pleinement de la présence des camarades et anciens compagnons d’infortune du capitaine pour souligner le caractère entier et marquant de sa personne. L’introduction générale au colloque, précisant la thématique abordée et présentant brièvement les intervenants, au nombre de onze, céda la place au premier d’entre eux le capitaine (er) Pierre FATRAS, qui évoquera sa jeunesse et ses années de scoutisme. Relayé par le colonel de PONTUAL (er), présentant de manière exhaustive la vie de la promotion Rhin & Danube (1947-49), puis par le général JACQUINET (er) rappelant le passage de Beaumont en Indochine, cette première partie se terminera sur le temps de commandement marquant du capitaine Beaumont à la Spéciale : le Lieutenant colonel SICARD, ancien pti-co et chef de section sous ses ordres à Coëtquidan, et ses « bazars » de la promotion Franchet d’Esperey les Généraux (er) CAPDEVILLE et VERLOT, ainsi que le colonel GAREL (er), témoigneront à leur tour de l’aura dont bénéficiait Beaumont. Après une légère collation, la reprise du colloque permettra à chacun de se replonger dans la période qui fit passer le Capitaine de vie à trépas, de chef exemplaire à un véritable « Seigneur de guerre » : l’Algérie. La situation générale de 1952 à 1958 présentée aisément par le général (er) Maurice FAIVRE, le Lieutenant colonel DAVID poursuit l’exposé en s’attardant sur les aspects tactiques et stratégiques de la bataille des frontières avant de céder la parole au capitaine SABOUREAU, celui même qui prit la tête de la 3ème compagnie, « les jaunes », à la mort de leur commandant d’unité. Paroles émouvantes et poignantes qui plongent à l’issue l’auditoire pendant un silence certain.Dernier tableau et point d’orgue de la journée : la prise d’armes dans la Cour d’Honneur des Invalides, sacro-saint lieu des militaires, nécropole des grands chefs de guerre, havre de paix des guerriers. Encore sous le choc de l’émotion, la promotion et ses invités quittent progressivement l’Ecole Militaire. Réunis en groupes distincts dans le dispositif, la famille Beaumont, les promotions Rhin & Danube et Franchet d’Esperey, les anciens paras et les extérieurs sont associés pleinement à la cérémonie, qui se veut sobre mais solennelle. Après avoir présenté la promotion aux autorités militaires – le général d’armée CUCHE, Chef d’Etat Major de l’Armée de Terre, accompagné du Ministre Délégué aux Anciens Combattants Mr Hamlaoui MEKACHERRA, du général de brigade de LARDEMELLE commandant les Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, du Préfet INIZAN père-système de la Franchet d’Esperey (55-57), du Colonel de PONTUAL secrétaire de la Rhin & Danube (47-49) - l’élève officier ARTUR, père système de la promotion, évoque les derniers instants du capitaine Beaumont et les vertus qu’il incarne, l’ayant désigné comme parrain de promotion. Puis, après la sonnerie aux Morts, une minute de silence vient honorer dans un même hommage ce grand disparu ainsi que les derniers soldats français morts en service l’an dernier. Enfin, clôturant la journée, la promotion entonne son chant de baptême, amplifié par l’enceinte de la Cour d’Honneur avant d’inviter tous les Saint-cyriens présents à chanter avec elle l’air traditionnel de la Galette.
La Journée du Parrain restera avant tout l’occasion privilégiée qu’ont eue les élèves officiers de la promotion de promouvoir la figure emblématique de l’officier saint-cyrien, le « Seigneur » qu’était le Capitaine Beaumont et de mériter l’héritage dont elle se réclame aujourd’hui, selon la formule qu’il avait fait sienne : « ne pas subir, ne jamais faillir.»
EOA Antoine VALLET, Scribe de la Promotion
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