Instructeur à Saint-Cyr
Il débarque à Marseille le 4 Mars 1954. Après son congé de fin de campagne, il est affecté sur sa demande à l’Ecole Spéciale Militaire Inter-Armes de Coëtquidan où, pendant deux ans, il va s’adonner avec passion à la formation des jeunes, enracinant chez eux les sources profondes de sa vocation d’officier et les marquant de son empreinte.
A nouveau réuni aux siens, il peut enfin mener une vie familiale normale tout en s’appliquant à sa tâche d’Instructeur comme Chef de Section. Le 16 Février 1955 une nouvelle fille, Anne-Marie, naît à son foyer.
Dès son retour d’Indochine, à 28 ans, après trois ans seulement de grade de Lieutenant, il avait été proposé comme Capitaine à titre exceptionnel. Il est nommé le 30 Juin 1955, seul d’une quinzaine de lieutenants de sa promotion alors instructeurs avec lui. Il en est un peu gêné, mais tous ses camarades sont unanimes à reconnaître qu’il est le meilleur d’entre eux et que cet avancement est mérité.
A la fin du mois de Septembre, il prend le commandement d’une compagnie d’élèves à qui il imprime aussitôt son rythme rapide et dur. L’un d’eux, le Sous-Lieutenant GASSIAT écrira après la mort de Serge : « Nous haïssions le Capitaine BEAUMONT à notre arrivée comme « bazards », nous l’admirions à la fin des deux ans », tandis qu’un autre, le Sous-Lieutenant NORLAIN précise : « Il était autoritaire, non pas de cette autorité tyrannique que l’on craint, mais de celle que l’on souhaite et à laquelle on obéit avec joie. Nous adhérions tous à cette discipline avec dynamisme, essayant de copier son attitude. Jamais il n’admettait l’inactivité et la somnolence ; il avait fait sienne la formule « celui qui n’avance pas recule ».
Un témoignage identique est apporté par le Sous-Lieutenant GOURAUD : « Le souvenir inaltérable qu’il a laissé aux quatre-vingt-dix Saint-Cyriens de son unité est la preuve de l’action profonde que le Capitaine a eu sur nous… La 3e Compagnie était vraiment modelée par lui, la « Compagnie Pétrole » pour reprendre un terme qu’il employait volontiers et dont nous étions si fiers… Il a su nous apprendre que la vocation militaire doit être réfléchie et repensée à chaque instant. Il était pour nous l’incarnation parfaite du Chef, et je suis certain que nous lui devons ce que Saint-Cyr nous a donné de plus durable. »
« Je garderai au fond du cœur, écrit un autre, l’image de mon Commandant de Compagnie, dur mais juste, fougueux mais prudent, dynamique… un « Seigneur » de cette race qu’aimait Saint-Exupéry. »
Mais citons à nouveau NORLAIN qui fut pendant deux ans « fine » de sa Compagnie et, à ce titre, approcha de très près le Capitaine BEAUMONT : « Perpétuellement en quête d’un enrichissement personnel, il nous a fait participer à ses efforts et nous a permis de quitter Coët. Avec l’idée qu’il existait des hommes pour qui rien ne comptait devant l’intérêt de la Patrie et le Devoir. Officier de valeur, le Capitaine BEAUMONT était aussi un éducateur… Il ne parlait jamais de la carrière d’Officier, il avait horreur de ce mot, pour lui un Officier ne faisait pas carrière, il accomplissait sa vocation… Il était soutenu dans cette lutte pour son idéal par sa femme qui jamais n’a eu un mot de reproche… Elle avait accepté de tout sacrifier elle aussi. Bien que ne se livrant que très rarement, quelque fois, au cours d’un exercice de combat, il nous faisait participer à son expérience, mais jamais avec vanité, alors que ses titres de guerre lui permettaient de se donner en exemple… Il était de ceux qui n’admettent aucune compromission, il ne pouvait imaginer que quelqu’un à qui il avait fait confiance puisse le tromper, et personne n’aurait eu l’idée de le faire.
Outre un chef militaire de classe, c’était un meneur d’hommes dont le sens de l’humain tenait compte des difficultés et des préoccupations de chacun… Nous gardons du Capitaine BEAUMONT le souvenir ému d’un « Patron ». « L’Officier au combat est un Seigneur » aimait-il à répéter. Nul doute qu’il ne soit resté jusqu’au bout ce « Seigneur » que nous avons connu. »
A la Pentecôte 1957, il accompagne ses élèves au pèlerinage des Etudiants à Chartres, se mêlant à eux comme un simple pèlerin. Ils en sont très frappés, mais non étonnés, car ils l’admirent pour sa foi en l’armée et pour sa foi en Dieu.
Cette action profonde qu’il a sur ses élèves s’exerce aussi sur ses Chefs de Section qu’il réunit souvent chez lui, associant ainsi sa femme à son apostolat.
Il lui était né deux nouvelles filles, Florence et Françoise, le 7 Février 1956 et le 29 Avril 1957. Mais le foyer va se trouver une fois de plus écartelé.
Déjà en Juillet-Août, il avait accompagné ses élèves qui, à la sortie de Coëtquidan, devaient accomplir un stage d’un mois en Algérie avant d’entrer en Ecole d’Application. Il avait eu la douleur de voir l’un d’eux, brution comme lui, le Sous-Lieutenant DUPUIS, tué au combat en illustrant de façon magnifique l’esprit de son enseignement. A peine revenu en France, affecté au 9e Régiment de Chasseurs Parachutistes, il va retourner en Afrique du Nord, et il s’embarque à Marseille le 6 Octobre 1957.
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