L’Indochine
Le 28 janvier 1952 Serge arrive à Saïgon d’où il rejoint Haïphong pour y recevoir le commandement d’une section de parachutistes franco-vietnamiens. Opérations dans la région de Thaï-Binh, nettoyage du Delta, travail de fouilles, Viets partout et nulle part. Après deux mois d’activité incessante, sa compagnie vient prendre quelques jours de repos à Hanoï, base du bataillon. C’est de là qu’il écrit le 9 Avril : « Essayons de faire le bilan. Je suis dans mon élément, mes responsabilités sont grandes au combat… Cela m’oblige à réfléchir avant l’action pour prévoir, après l’action pour tirer des enseignements. Des quantités de problèmes surgissent à chaque instant, problèmes militaires, techniques, mais surtout moraux et humains, car je suis un homme, je commande à des hommes… Il me faut sans cesse penser pour eux, les empêcher de retourner à l’état animal et matériel où la vie en campagne les mène si facilement. Cette école est pour moi excellente : ne pas tomber, ne pas faillir, pour ne pas faire tomber. »
Après ce court répit ce sera sans cesse le même rythme de vie où alternent sauts d’entretien, implantation de l’administration vietnamienne, instruction des cadres, opérations dans la région de Tourane qu’il commente ainsi : « Les résultats sont forts satisfaisants, le régiment Viet N°101 a été littéralement anéanti… C’est donc un succès puisque la guerre a pour but de détruire l’adversaire. C’est terrible la guerre quand on y réfléchit de sang-froid.”
Le 1er Décembre, le Lieutenant BEAUMONT gagne à Na-San sa première citation à l’ordre de l’Armée :
« Depuis son débarquement en Indochine, a mené avec l’Unité, au cours de l’année 1952, d’incessants combats au Nord et au Centre Vietnam. Jeune Officier plein d’ardeur et de foi, s’est imposé à ses hommes et à ses chefs dès les opérations Arc en Ciel et Mercure, comme un excellent entraîneur d’hommes. Par son exemple et son dynamisme, a su forger en peu de temps, avec des autochtones qu’il ne connaissait pas, un magnifique outil de guerre. Au cours de multiples engagements dans les opérations Boléro, Sauterelle, Caïman et Lorraine, a montré la précision et l’efficacité de sa manœuvre, sa volonté tenace de rechercher et de détruire l’adversaire en toute occasion, son sens aigu du Devoir et de l’Honneur. ”
« Le 1er décembre 1952, au cours des opérations du réduit de Na-San, vient de donner la mesure de ses moyens dans la reprise du Point d’Appui 24 (Côte 753), enlevé par les rebelles au cours de la nuit précédente. La section de tête clouée au sol, à mi-pente par un feu violent et précis déclenché à bout portant, a enlevé son Unité dans une attaque foudroyante qui devait forcer les rebelles à un premier repli. Blessé dès le début de l’engagement par éclats de grenades aux deux jambes, partout présent et payant partout de sa personne, a fait l’admiration de tous en maintenant sa Section sur une position capitale au cours d’un combat à la grenade et au P.M. d’une rare violence. Malgré sa blessure, a tenu à poursuivre le combat jusqu’à la dernière phase de l’attaque, plusieurs heures plus tard. “
Dans une lettre datée du 16 Décembre, après avoir raconté les circonstances de l’engagement, il ajoute : « J’ai un peu trop attendu pour me faire soigner si bien que des abcès se sont formés. Le toubib m’a opéré le 4, le 8 on m’a fait une greffe placentaire, espèce de purée de groseille avec laquelle on m’a bouché les trous, le 10 j’étais à Na-San au milieu de mes hommes, très heureux de les voir. Après coup, j’ai eu une drôle de « trouille », mais pendant l’action je crois que j’ai été pas mal. »
Après avoir participé à la surveillance de la R.C.6, il est en Avril au Laos où il est à nouveau blessé et cité, ajoutant une deuxième palme à sa Croix de Guerre :
« Officier de grande valeur. Chef d’une section de Parachutistes Autochtones s’est de suite imposé à ceux-ci par son courage exceptionnel, allié à un calme et un sang-froid remarquables au combat. S’est particulièrement distingué le 16 avril 1953 au combat de Muong-Phan (Région de Xien-Kouang, Laos) au cours d’une embuscade dans laquelle sa Compagnie était tombée. A repoussé avec succès deux assauts rebelles menés jusqu’au corps à corps. A contre-attaqué immédiatement, forçant l’ennemi à céder du terrain. Bien que blessé par balle au cours de l’action, est néanmoins resté à son poste, assurant en arrière-garde le repli de la Compagnie et protégeant l’évacuation des blessés. A fait l’admiration de tous ses chefs et ses subordonnés. »
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