Chants de Tradition
La Spéciale s’est constituée durant ses deux siècles d’existence un petit répertoire de chants que les Saint-Cyriens aiment à chanter lors des grandes occasions. Chaque chant correspond à une période ou à un évènement particulier, aussi ne dévoilerons-nous donc pas tout…
- la Galette
- Les CASOS
- le PDB
- La GLOIRE
- L’OURS
- Le CHANT des FINES
- Les OFFICIERS
Le dimanche à Versailles
Les Saint-Cyriens guerriers
Se rangeaient en bataille
Se mettant à chanter.Refrain :
Ohé, Ohé, vivent les officiers de France,
Ohé, Ohé, vivent les officiers.Sur le fort de Montrouge
Les canons sont braqués
Et si le pékin bouge
On lui fera chanter.Si le pékin rouspette
Il se fera cirer
Cirer sur les roupettes
Jusqu’au jugement dernier.Si ta femme est gentille
Pékin, fais la passer
Sinon, gare à ta fille
On lui fera chanter.Quand le soir en province
Un casoar paraît
Toutes les femmes en pincent
Pour l’officier Français.S’ils laissent en voyage
Un bébé rose et frais
Qu’elles le gardent en hommage
De l’officier Français.Quand on irons en Chine
Les femmes des Mandarins
Nous ferons la cuisine
Au son des tambourins.Quand nous irons au pôle
Les femmes des esquimaux
Nous les rendront plus molles
A grands coups de plumeaux.Mais là-bas dans la plaine
L’escadron va charger
L’officier qui les mène
A tous leur fait chanter.La France est notre mère
C’est elle qui nous nourrit
Avec des pommes de terre
Et des fayots pourris.L’Alsace et la Lorraine
Ne veulent pas plier
Sous la botte prussienne
On les entend chanter.Combattre avec courage
Et mourir sans regret
C’est le fier apanage
De l’officier Français.Dans la lande bretonne
Le grand vent a soufflé
Et le monde s’étonne
D’entendre encore chanter.Posted by Le Scribe under Non classé |
La promotion d’Isly (1843-1845) créa ce chant de protestation contre la suppression par le commandement de la contre-épaulette, dite “galette”, que portaient les élèves moyennement classés. Ce chant devenu l’hymne de l’Ecole se chante au garde-à-vous dans les instants de solennité. D’aucuns disent que la mélodie aurait donné l’air de “l’artilleur de Metz”.
1. Noble galette que ton nom,
Soit immortel dans notre histoire,
Qu’il soit ennobli par la gloire
D’une vaillante promotion,
Et si dans l’avenir
Ton nom vient à paraître
On y joindra peut être
Nôtre grand souvenir
On dira qu’à Saint-Cyr
Où tu parus si belle
La promotion nouvelle
Vient pour t’ensevelir.
2. Toi qui toujours dans nos malheurs,
Fus une compagne assidue,
Toi, qu’hélas nous avons perdue,
Reçoit le tribut de nos pleurs.
Nous ferons un cercueil
Où sera déposée
Ta dépouille sacrée
Nous porterons ton deuil.
Et si quelqu’un de nous
Vient à s’offrir en gage
L’officier en hommage
Fléchira le genou.
3. Amis il faut nous réunir
Autour de la galette sainte
Et qu’à jamais dans cette enceinte
Règne son noble souvenir.
Que ton nom tout puissant
S’il vient un jour d’alarme
A cinq cents frères d’armes
Serve de ralliement.
Qu’au jour de la conquête
A défaut d’étendard
Nous ayons la galette
Pour fixer nos regards.
4. Soit que le souffle du malheur
Sur notre tête se déchaîne
Soit que sur la terre africaine
Nous allions périr pour l’honneur,
Ou soit qu’un ciel plus pur
Reluise sur nos têtes
Et que loin des tempêtes
Nos jours soient tous d’azur
Oui tu seras encore
0 galette sacrée
La mère vénérée
De l’épaulette d’or.
Ecrit par l’EO de SAINT-SAUVEUR-LORRAINE, de la Promotion “MARCHAND” (1898-1900), ce chant est utilisé généralement lors des défilés ou des déplacements en formation.
Quand les cyrards quittant l’école
A Paris débarquent gaiement
Les casos frisés par le vent
Se répandent en bandes folles
Ils flottent, ils flottent gentiment
Les Casoars rouges et blancs.
Ils font l’objet des rêveries
Des mamans berçant leurs bébés
Des potaches à l’air blasé
Leur jettent des regards d’envie
Ils fuient rapides et légers
Comme des rêves ébauchés.
Ils vont là où le coeur les mène
Au nid d’amour pour s’y griser
De caresses et de baisers
Dont ils sont privés en semaine
Ils frôlent des minois charmants
Les Casoars rouges et blancs.
Mais quand là-bas à la frontière
Le canon les a appelés
Ils vont combattre en rangs serrés
Pas un ne regarde en arrière
Ils sont les premiers à l’assaut
Les valeureux petits Casos.
Rouges et blancs ils sont l’emblème
Des amours noyés dans le sang
D’adieux que le cyrard mourant
Fait porter à celle qu’il aime
Ceux là font couler bien des pleurs
Qui sont tombés au champ d’honneur.
Tantôt les caresses des femmes
Tantôt les balles et les boulets
Aimer mourir c’est leur métier
De servir la France et les dames
Voilà ce que disent en mourant
Les Casoars rouges et blancs.
Chant le plus prisé des Saint-Cyriens, il clôt les grands évènements intra- et inter-promotions. Ne reste à la fin, debout, seul à chanter, que le plus Ancien…
Trois Saints-Cyriens sont sortis de I’enfer
Un soir par la fenêtre
Et I’on dit que monsieur Lucifer
N’en est plus le maître.
La sentinelle qui les gardait
En les voyant paraître
Par trois fois s’écria :
Halte-la! Qui va la? Qui vive?
Et les trois bougres ont répondu :
Ce sont trois Saints-Cyriens qui sont Pékins de Bahut!
Refrain
Oh! Pékin de Bahut
Viens nous t’attendons tous
Nous leur ferons tant de chahut
Qu’a la pompe,
I1s en seront fous!
Un soir, dans une turne immense
Six cents martyrs étaient assis,
Les uns disaient : Ah! Quelle chance!
Dans six mois nous seront partis.
Les autres d’un air lamentable
Contemplant leurs anciens avachis
Disaient : dans six mois, pauvres diables
Comme eux nous serons abrutis.
Vous qui ! Dans I’espoir de Cyr
Palissez sur de noirs bouquins
Puissiez-vous ne jamais réussir
C’est le voeu de vos grands anciens
Si vous connaissiez les horreurs
De la pompe et du bataillon
Vous préfèreriez les douceurs
De la vie que les pékins ont.
Ce poème n’est pas un chant, mais est la référence littéraire la plus connue des Saint-Cyriens. Il a été écrit par l’Élève-Officier ROLLIN, de la Promotion Sud-Oranais (1902-1904), tombé au champ d’honneur en 1915.
Voulant voir si l’École était bien digne d’Elle,
La gloire, un jour, du ciel, descendit à Saint-Cyr.
On l’y connaissait bien, ce fut avec plaisir
Que tous les Saint-Cyriens reçurent l’Immortelle.
Elle les trouva forts, ils la trouvèrent belle.
Après trois jours de fête, avant de repartir,
La Gloire voulant à tous laisser un souvenir
Fixa sur leur shakos des plumes de son aile.
Ils portèrent longtemps ce plumet radieux,
Mais un soir de combat, près de fermer les yeux,
Un Saint-Cyrien mourant le mit sur sa blessure
Afin de lui donner le baptême du sang.
Et depuis nous portons, admirable parure,
Sur notre shako bleu, le plumet rouge et blanc.
Il s’agit d’abord de la chambre des punis, réputée par son froid polaire qui y régnait, d’où le nom ; par extension, le Major Ours est l’élève ayant écopé du maximum de jours d’arrêts passés à l’ours. Chaque promotion se targue d’être celle détenant le recordman de l’ours…
Paroles écrites par H. JOBARD, de la promotion Alexandre III.
1. Je connais un hôtel charmant
Au premier, dans un coin tranquille
Loin du bruit et du mouvement,
On vit en paix dans cet asile.
Le proprétaire y loge gratis
C’est à l’oeil qu’on est locataire
Chandelle et tout servic’ compris,
à l’Ours de l’Ecol’ Militaire !
2. C’est fréquenté généralement
Par tous les gens chics de l’Ecol’,
La table comme le logement
Ne coûtent pas une pistole.
Ce n’est pas Potel et Chabot
Mais c’est tout d’même mieux qu’ l’ordinaire
Au moins on boit son café chaud
A l’Ours de l’Ecol’ Militaire !
3. Pour y entrer y a pas besoin
D’avoir commis un parricide
On n’a qu’à mettre le plus grand soin
A bahuter l’képi rigide ;
A déclarer qu’à la tapir
Ou pig’zéro, qu’on a beau faire,
A deux battants on voit s’ouvrir
L’Ours de l’Ecole Militaire !
4. Y a des fois qu’il y a tant de clients
qu’on fait la queue devant la porte,
Y en a même qu’ont des abonnements,
C’est pas plus cher de cette sorte.
Dernièr’ment je fus au bureau
Pour y prendr’ une stelle de première,
J’n'ai pu trouver qu’un escabeau,
A l’Ours de l’Ecol’ Militaire !
5. L’ameublement n’est pas très beau,
C’est pas luxueux mais solide :
Un’table, un lit, un escabeau
Quatre murs blancs, et puis… le vide !
Y a guère qu’un ptit inconvénient
C’est qu’ça manque de calorifère,
Mais faut pas être trop éxigeant
A l’Ours de l’Ecol’ Militaire !
6. Tous les cleints font des topos,
gravent leur nom dessus les pierres,
On y voit des noms d’généraux,
Mêm’ des ministres de la guerre.
Mais c’qu’il y a d’plus rigolo
C’est qu’en jolis p’tits caractères
J’ai trouvé celui du poirot…
A l’Ours de l’Ecole Militaire !
7. J’ai signé comm’ c’était mon d’voir,
Sur cette liste singulière.
Si j’claque un jour d’un coup d’pétoire,
On ajout’ra “mort à la guerre” !
Et j’veux, quand ils s’ront Saint-Cyriens,
Qu’mes enfants, pensant à leur père,
Viennent mettr’leur nom au d’ssus du mien,
A l’Ours de l’Ecole Militaire.
Réservés aux seuls usagers, celui-ci ne sera pas rendu public.