avril 9, 2007

Chants de Tradition

La Spéciale s’est constituée durant ses deux siècles d’existence un petit répertoire de chants que les Saint-Cyriens aiment à chanter lors des grandes occasions. Chaque chant correspond à une période ou à un évènement particulier, aussi ne dévoilerons-nous donc pas tout…

  • la Galette
  • La promotion d’Isly (1843-1845) créa ce chant de protestation contre la suppression par le commandement de la contre-épaulette, dite “galette”, que portaient les élèves moyennement classés. Ce chant devenu l’hymne de l’Ecole se chante au garde-à-vous dans les instants de solennité. D’aucuns disent que la mélodie aurait donné l’air de “l’artilleur de Metz”.

    1. Noble galette que ton nom,
    Soit immortel dans notre histoire,
    Qu’il soit ennobli par la gloire
    D’une vaillante promotion,
    Et si dans l’avenir
    Ton nom vient à paraître
    On y joindra peut être
    Nôtre grand souvenir
    On dira qu’à Saint-Cyr
    Où tu parus si belle
    La promotion nouvelle
    Vient pour t’ensevelir.

    2. Toi qui toujours dans nos malheurs,
    Fus une compagne assidue,
    Toi, qu’hélas nous avons perdue,
    Reçoit le tribut de nos pleurs.
    Nous ferons un cercueil
    Où sera déposée
    Ta dépouille sacrée
    Nous porterons ton deuil.
    Et si quelqu’un de nous
    Vient à s’offrir en gage
    L’officier en hommage
    Fléchira le genou.

    3. Amis il faut nous réunir
    Autour de la galette sainte
    Et qu’à jamais dans cette enceinte
    Règne son noble souvenir.
    Que ton nom tout puissant
    S’il vient un jour d’alarme
    A cinq cents frères d’armes
    Serve de ralliement.
    Qu’au jour de la conquête
    A défaut d’étendard
    Nous ayons la galette
    Pour fixer nos regards.

    4. Soit que le souffle du malheur
    Sur notre tête se déchaîne
    Soit que sur la terre africaine
    Nous allions périr pour l’honneur,
    Ou soit qu’un ciel plus pur
    Reluise sur nos têtes
    Et que loin des tempêtes
    Nos jours soient tous d’azur
    Oui tu seras encore
    0 galette sacrée
    La mère vénérée
    De l’épaulette d’or.

  • Les CASOS
  • Ecrit par l’EO de SAINT-SAUVEUR-LORRAINE, de la Promotion “MARCHAND” (1898-1900), ce chant est utilisé généralement lors des défilés ou des déplacements en formation.

    Quand les cyrards quittant l’école
    A Paris débarquent gaiement
    Les casos frisés par le vent
    Se répandent en bandes folles
    Ils flottent, ils flottent gentiment
    Les Casoars rouges et blancs.

    Ils font l’objet des rêveries
    Des mamans berçant leurs bébés
    Des potaches à l’air blasé
    Leur jettent des regards d’envie
    Ils fuient rapides et légers
    Comme des rêves ébauchés.

    Ils vont là où le coeur les mène
    Au nid d’amour pour s’y griser
    De caresses et de baisers
    Dont ils sont privés en semaine
    Ils frôlent des minois charmants
    Les Casoars rouges et blancs.

    Mais quand là-bas à la frontière
    Le canon les a appelés
    Ils vont combattre en rangs serrés
    Pas un ne regarde en arrière
    Ils sont les premiers à l’assaut
    Les valeureux petits Casos.

    Rouges et blancs ils sont l’emblème
    Des amours noyés dans le sang
    D’adieux que le cyrard mourant
    Fait porter à celle qu’il aime
    Ceux là font couler bien des pleurs
    Qui sont tombés au champ d’honneur.

    Tantôt les caresses des femmes
    Tantôt les balles et les boulets
    Aimer mourir c’est leur métier
    De servir la France et les dames
    Voilà ce que disent en mourant
    Les Casoars rouges et blancs.

  • le PDB
  • Chant le plus prisé des Saint-Cyriens, il clôt les grands évènements intra- et inter-promotions. Ne reste à la fin, debout, seul à chanter, que le plus Ancien…

    Trois Saints-Cyriens sont sortis de I’enfer
    Un soir par la fenêtre
    Et I’on dit que monsieur Lucifer
    N’en est plus le maître.
    La sentinelle qui les gardait
    En les voyant paraître
    Par trois fois s’écria :
    Halte-la! Qui va la? Qui vive?
    Et les trois bougres ont répondu :
    Ce sont trois Saints-Cyriens qui sont Pékins de Bahut!

    Refrain

    Oh! Pékin de Bahut
    Viens nous t’attendons tous
    Nous leur ferons tant de chahut
    Qu’a la pompe,
    I1s en seront fous!

    Un soir, dans une turne immense
    Six cents martyrs étaient assis,
    Les uns disaient : Ah! Quelle chance!
    Dans six mois nous seront partis.
    Les autres d’un air lamentable
    Contemplant leurs anciens avachis
    Disaient : dans six mois, pauvres diables
    Comme eux nous serons abrutis.

    Vous qui ! Dans I’espoir de Cyr
    Palissez sur de noirs bouquins
    Puissiez-vous ne jamais réussir
    C’est le voeu de vos grands anciens
    Si vous connaissiez les horreurs
    De la pompe et du bataillon
    Vous préfèreriez les douceurs
    De la vie que les pékins ont.

  • La GLOIRE
  • Ce poème n’est pas un chant, mais est la référence littéraire la plus connue des Saint-Cyriens. Il a été écrit par l’Élève-Officier ROLLIN, de la Promotion Sud-Oranais (1902-1904), tombé au champ d’honneur en 1915.

    Voulant voir si l’École était bien digne d’Elle,
    La gloire, un jour, du ciel, descendit à Saint-Cyr.
    On l’y connaissait bien, ce fut avec plaisir
    Que tous les Saint-Cyriens reçurent l’Immortelle.

    Elle les trouva forts, ils la trouvèrent belle.
    Après trois jours de fête, avant de repartir,
    La Gloire voulant à tous laisser un souvenir
    Fixa sur leur shakos des plumes de son aile.

    Ils portèrent longtemps ce plumet radieux,
    Mais un soir de combat, près de fermer les yeux,
    Un Saint-Cyrien mourant le mit sur sa blessure

    Afin de lui donner le baptême du sang.
    Et depuis nous portons, admirable parure,
    Sur notre shako bleu, le plumet rouge et blanc.

  • L’OURS
  • Il s’agit d’abord de la chambre des punis, réputée par son froid polaire qui y régnait, d’où le nom ; par extension, le Major Ours est l’élève ayant écopé du maximum de jours d’arrêts passés à l’ours. Chaque promotion se targue d’être celle détenant le recordman de l’ours…
    Paroles écrites par H. JOBARD, de la promotion Alexandre III.

    1. Je connais un hôtel charmant
    Au premier, dans un coin tranquille
    Loin du bruit et du mouvement,
    On vit en paix dans cet asile.
    Le proprétaire y loge gratis
    C’est à l’oeil qu’on est locataire
    Chandelle et tout servic’ compris,
    à l’Ours de l’Ecol’ Militaire !

    2. C’est fréquenté généralement
    Par tous les gens chics de l’Ecol’,
    La table comme le logement
    Ne coûtent pas une pistole.
    Ce n’est pas Potel et Chabot
    Mais c’est tout d’même mieux qu’ l’ordinaire
    Au moins on boit son café chaud
    A l’Ours de l’Ecol’ Militaire !

    3. Pour y entrer y a pas besoin
    D’avoir commis un parricide
    On n’a qu’à mettre le plus grand soin
    A bahuter l’képi rigide ;
    A déclarer qu’à la tapir
    Ou pig’zéro, qu’on a beau faire,
    A deux battants on voit s’ouvrir
    L’Ours de l’Ecole Militaire !

    4. Y a des fois qu’il y a tant de clients
    qu’on fait la queue devant la porte,
    Y en a même qu’ont des abonnements,
    C’est pas plus cher de cette sorte.
    Dernièr’ment je fus au bureau
    Pour y prendr’ une stelle de première,
    J’n'ai pu trouver qu’un escabeau,
    A l’Ours de l’Ecol’ Militaire !

    5. L’ameublement n’est pas très beau,
    C’est pas luxueux mais solide :
    Un’table, un lit, un escabeau
    Quatre murs blancs, et puis… le vide !
    Y a guère qu’un ptit inconvénient
    C’est qu’ça manque de calorifère,
    Mais faut pas être trop éxigeant
    A l’Ours de l’Ecol’ Militaire !

    6. Tous les cleints font des topos,
    gravent leur nom dessus les pierres,
    On y voit des noms d’généraux,
    Mêm’ des ministres de la guerre.
    Mais c’qu’il y a d’plus rigolo
    C’est qu’en jolis p’tits caractères
    J’ai trouvé celui du poirot…
    A l’Ours de l’Ecole Militaire !

    7. J’ai signé comm’ c’était mon d’voir,
    Sur cette liste singulière.
    Si j’claque un jour d’un coup d’pétoire,
    On ajout’ra “mort à la guerre” !
    Et j’veux, quand ils s’ront Saint-Cyriens,
    Qu’mes enfants, pensant à leur père,
    Viennent mettr’leur nom au d’ssus du mien,
    A l’Ours de l’Ecole Militaire.

  • Le CHANT des FINES
  • Réservés aux seuls usagers, celui-ci ne sera pas rendu public.

  • Les OFFICIERS

    Le dimanche à Versailles
    Les Saint-Cyriens guerriers
    Se rangeaient en bataille
    Se mettant à chanter.

    Refrain :

    Ohé, Ohé, vivent les officiers de France,
    Ohé, Ohé, vivent les officiers.

    Sur le fort de Montrouge
    Les canons sont braqués
    Et si le pékin bouge
    On lui fera chanter.

    Si le pékin rouspette
    Il se fera cirer
    Cirer sur les roupettes
    Jusqu’au jugement dernier.

    Si ta femme est gentille
    Pékin, fais la passer
    Sinon, gare à ta fille
    On lui fera chanter.

    Quand le soir en province
    Un casoar paraît
    Toutes les femmes en pincent
    Pour l’officier Français.

    S’ils laissent en voyage
    Un bébé rose et frais
    Qu’elles le gardent en hommage
    De l’officier Français.

    Quand on irons en Chine
    Les femmes des Mandarins
    Nous ferons la cuisine
    Au son des tambourins.

    Quand nous irons au pôle
    Les femmes des esquimaux
    Nous les rendront plus molles
    A grands coups de plumeaux.

    Mais là-bas dans la plaine
    L’escadron va charger
    L’officier qui les mène
    A tous leur fait chanter.

    La France est notre mère
    C’est elle qui nous nourrit
    Avec des pommes de terre
    Et des fayots pourris.

    L’Alsace et la Lorraine
    Ne veulent pas plier
    Sous la botte prussienne
    On les entend chanter.

    Combattre avec courage
    Et mourir sans regret
    C’est le fier apanage
    De l’officier Français.

    Dans la lande bretonne
    Le grand vent a soufflé
    Et le monde s’étonne
    D’entendre encore chanter.

    Posted by Le Scribe under Non classé |

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